Nous nous proposons d’introduire dans ce
journal un nouveau thème de réflexion qui, je l’espère intéressera
beaucoup d’entre vous : le devenir psychologique des enfants ayant fait
un ou plusieurs malaises graves en période néonatale et qui de ce fait
ont été ( ou non ) monitorés.
Nous observons, de façon empirique certes,
mais clairement , lors de bilans psychomoteurs de 1 et surtout 2 ans,
proposés à ces enfants, que les parents abordent souvent spontanément
les difficultés rencontrées dans l’éducation de leur bébé. ( Je
vous rassure, vous n’êtes pas seuls ! Cette situation se retrouve aussi
fréquemment chez les enfants naissant après une M.S.N et chez les grands
prématurés. )
Ces jeunes enfants sont volontiers décrits
comme capricieux, parfois agités, coléreux, souvent tyranniques .
Je donne ici quelques éléments
d’explication et de compréhension de phénomène.
·
Le
surinvestissement « obligé » de l’enfant dans les premiers mois de
vie, l’hyper vigilance de parents et leur crainte d’un nouveau
malaise, rendent ces derniers très ( trop ? ) présents auprès du bébé
et, dans le même temps, celui-ci très ( trop ? ) dépendant de ses
parents.
·
Par
ailleurs les parents, dans la mesure où ils ont eu tellement peur, ont du
mal, sans ressentir un certain « malaise » à frustrer leur enfant, à
lui refuser quelque chose légitimement et le rendent ainsi très « exigeant » ponctuellement mais aussi pour le futur car le
jeune enfant comprend très vite quelles sont les limites « illimitées » de ses parents et en profite allègrement !
Ces enfants, à l’âge des premières
oppositions, dès 2 ans, deviennent donc très difficiles et se comportent
parfois comme de vrais petits « tyrans
». il faut que le monde, et plus particulièrement leurs parents, soient
à leurs pieds.
Bien sûr, toutes les nuances et tous les
intermédiaires existent.
Si les parents, prenant conscience des premières
difficultés , ne reprennent pas rapidement la direction des opérations
et le « bâton de Maréchal » ( cela est encore assez facile à cet âge,
lorsque les parents sont convaincus que leur enfant va, maintenant, très
bien et que, par conséquent, une frustration, l’opposition, une petite
fessée ne le mettent pas en danger ), la situation peut alors devenir préoccupante.
Parfois, notre rôle de Psy est de redonner
suffisamment confiance aux parents afin qu’ils se permettent, sans
culpabilité, de poser des limites à leur enfant.
J’ajoute d’ailleurs souvent, que c’est
un service à lui rendre car sinon, celui-ci risque de rencontrer des
difficultés d’adaptation sociale, en particulier lors de son entrée à
l’école auprès de ses camarades et auprès des adultes eux-mêmes.
Nous savons aussi que le manque de limites
peut engendrer de l’angoisse chez l’adulte comme chez l’enfant et
que, par conséquent, lui donner des limites c’est aussi le rassurer
dans un espace bien balisé.
Voici un aperçu très rapide des orientations
et des questionnements que fait naître un tel sujet .
Bernadette
Kastler, Psychologue
au CRMSN de l’hôpital de Port-Royal.
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