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Voici quelques témoignages de parents.

  • Mme Sophie F., Elancourt (78), nous livre son expérience d’administration du Prantal :

Quelle n’a pas été ma surprise de voir une affiche concernant le malaise du nourrisson et son association à ma pharmacie de quartier. (...) Je suis très heureuse car j’ai enfin trouvé des mamans qui ont connu ou connaissent ce problème chez leur enfant. C’est très rassurant de ne pas se sentir seule au monde, de pouvoir parler des problèmes que l’on rencontre.

Pour notre cas, c’est notre fils Arnaud qui nous a causé beaucoup de soucis. Aujourd’hui, il a treize mois et nous sommes en phase de diminution du Prantal, ce qui lui cause des périodes de grands énervements. (...)

Voici notre premier contact avec le Prantal :

Je me rends à la pharmacie pour aller chercher ma première commande de Prantal pour Arnaud. On me donne une petite boîte remplie de gélules. Super ! On doit lui donner une gélule une heure avant le repas. Super ! Un bébé de cinq mois qui se réveille, qui a bien faim et qu’il faut faire attendre une heure, c’est vraiment génial... Les premiers jours ont été très difficiles. J’ai ouvert la gélule et j’ai goûté la poudre avant de la faire avaler à mon bébé. J’ai fait une grosse grimace de dégoût et dit à mon mari : “Il ne va jamais avaler ça...”. C’est immonde. Et mon mari répond : “Mais si, on essaie”. Arnaud a tout recraché, malgré sa grande faim ! On a alors sorti de nos placards tout ce qu’il y avait de plus sucré : miel, sucre et même Nutella, rien n’y faisait... Le mauvais goût était toujours là. Le troisième jour de galère, j’ai téléphoné au médecin traitant et je me suis mise à pleurer en leur expliquant que je n’y arrivais pas. J’ai ensuite décidé une nouvelle stratégie : lui faire avaler la gélule telle qu’elle, toute entière. En règle générale, elle passait bien, mais des fois, il la gardait entre ses “dents - gencives”. Là, elle se dissolvait et il la crachait...

Ca n’a duré qu’un mois. Ensuite, il ouvrait bien grand sa bouche, sitôt qu’on lui montrait son petit biberon de lait pour faire passer la gélule.

Aujourd’hui, nous procédons de même, mais nous avons remplacé son biberon de lait par de la compote ou un petit jus de fruit, car il a grandi et il préfère ça.

Voici notre petit rituel, si ça peut aider d’autres mamans...

Réponse du Docteur de Ajuriaguerra, pédiatre à Port Royal :

Cette lettre d’une maman ayant eu son enfant sous Prantal me semble exemplaire de la difficulté de communication qui peut exister entre un médecin et son patient ou les parents de celui-ci. En effet, en aucune façon il ne semble utile ni même conseillé de donner une gélule intacte à un nourrisson qui n’a pas l’habitude de déglutir des solides. D’autre part, il n’est pas indispensable d’administrer ce médicament une heure avant les repas.

 

  • Mme Elodie R.-T., de Brive (19), nous livre son expérience de l’hospitalisation de sa fille :

Ma fille de 8 mois vient d'être hospitalisée durant 3 jours pour un bilan de malaises.

Diagnostic : hypertonie vagale avec reflux gastro-œsophagien. J'ai pris connaissance de votre association par l'intermédiaire d'un article paru dans une revue de la crèche où va ma fille.

Qu'elle n'a pas été notre surprise, à mon mari et à moi, devant l'annonce du diagnostic !!

J'aimerai avoir plus amples renseignements sur ces causes, sur "cette maladie", sur votre association et vos actions.

J'en profite pour dénoncer le manque d'info et le manque de psychologie et d'aide aux parents des services de pédiatrie. A croire que les médecins et le personnel n'ont pas d'enfants !!

Je vous remercie par avance pour les renseignements que vous pourrez me faire parvenir.

A noter tout de même que cela n'empêche pas ma fille d'être en pleine forme et d'être la joie de vivre !

Je vous prie de recevoir, Madame, Monsieur, l'expression de mes meilleurs sentiments.

Réponse de Madame Catherine Bonnafou, de l’association :

Votre lettre reflète les préoccupations exprimées par bon nombre de parents ayant connu les incertitudes du malaise, du diagnostic du reflux, des interrogations concernant la « réalité » de la pathologie… et l’accueil quelquefois réservé aux parents dans le milieu hospitalier.

Nous avons de bonnes raisons de penser que cette dernière constatation se fera de plus en plus rare, les hôpitaux étant de mieux en mieux informés sur la question du malaise du nourrisson, et de celui des parents… C’est d’ailleurs en ce sens que le projet global que nous vous présentons dans le présent journal a notamment vocation à s’inscrire, puisqu’il a pour objectif de permettre une appréhension la plus fine possible du problème par une connaissance approfondie de chaque cas répertorié.

Il n’en demeure pas moins que rien ne saurait nous détourner de la nécessité de prendre en compte cette pathologie, et si nécessaire et dès le moindre doute, de nous adresser aux Centres de Référence, dont le Journal fournira les coordonnées à tout parent ou proche concerné qui en fera la demande.

 

  • Nous vous livrons l’expérience d’une maman qui a vécu l’hospitalisation de ses trois enfants, suite à des malaises :

ELODIE, née le 3/11/1991, a fait un malaise à 3 jours, elle n’a été ranimée qu’au bout de plusieurs minutes.

Elodie est restée hospitalisée 1 mois car elle a cumulé une œsophagite et des hernies aux 2 ovaires, d’où une intervention chirurgicale. Elle est donc rentrée à la maison au bout d’un mois avec un traitement anti-reflux (Prépulsid, lait épaississant, Gaviscon), un monitoring auquel elle est restée branchée jusqu’à ses 1 an. Elodie devait aussi dormir en proclive avec un matelas spécial pendant les 8 premiers mois.

A 1 an, on a tout arrêté, traitement anti-reflux et monitoring. Tout s’est bien passé, elle a marché à 14 mois, parlé très tôt…

Elodie a depuis une vie tout à fait normale, elle fait de la natation et de la danse (classique et Jazz), sa véritable passion. Elle est tout à fait équilibrée et n’a aucun problème scolaire.

XAVIER, né le 10/5/1994, n’a pas fait de malaise mais a été mis dès la naissance sous traitement anti-reflux. Vu l’antécédent, il a été suivi et devait faire un Holter tous les 3 mois. Au Holter de ses 6 mois, lors du ROC (examen sur les yeux (pression)), Xavier a fait un malaise. Il a été mis immédiatement sous Prantal jusqu’à ses 1 an, mais n’a pas eu de monitoring. Il a mené une vie tout à fait normale, c’était un petit garçon très éveillé. A l’arrêt du Prantal vers ses 1 an, tout s’est bien passé. L’arrêt a été progressif.

Xavier est et a toujours été un petit garçon plein d’énergie et très enthousiaste, très curieux et très volontaire qui a marché à 1 an. Il n’y a eu aucun changement ni aucun problème après le Prantal. Xavier a maintenant bientôt 5 ans, il participe bien à l’école, fait de la gymnastique dans un club et a commencé le judo.

JESSICA, née le 11/11/1997, a fait elle aussi un malaise comme sa sœur à 2 jours. Elle a été rapidement réanimée. Elle est rentrée à la maison au bout de 10 jours avec un traitement anti-reflux, car elle avait une importante œsophagite et elle a été sous monitoring à la maison pendant 1 an. Elle n’a pas eu de Prantal. Jessica a maintenant 2 ans, elle est très dégourdie et très éveillée. Elle a marché vers 13 mois et c’est une petite fille pleine de vie.

Sur mes 3 enfants, aucun n’a eu de séquelle ni de problème par la suite. Ils mènent une vie tout à fait normale, malgré leur « hypertonivagale ».

 

  • Une maman a souhaité nous faire partager son expérience des relations avec le corps médical, suite aux malaises de ses trois enfants :

Je voudrais apporter mon témoignage et insister sur le manque de communication entre médecins et parents.
Mes enfants ont eu tous les trois une hypertonie vagale et un gros reflux.

« Pour ma fille, qui a aujourd’hui 6 ans, nous avions perçu, mon mari et moi, un “mal‑être” depuis sa naissance. C’était pourtant un beau nouveau-né de 4 kg.

Mais la situation se dégradait peu à peu : pleurs incessants la nuit, elle ne finissait plus ses biberons et son premier mois a été rempli de visites chez le pédiatre. On sentait qu’elle souffrait et nous faisions part de notre inquiétude au médecin . Lorsque nous disions qu’elle préférait être dans les bras, il nous répondait que c’était par caprice, alors qu’elle ne supportait tout simplement pas d’être allongée à cause des reflux. Il imputait sa pâleur à de la fatigue et des coliques. Il nous a fait changer 3 à 4 fois de lait, jusqu’au jour où nous allions fêter son premier mois, Champagne au frais : elle est tombée inerte dans mes bras…. Pompiers, SAMU. Son pédiatre est venu aussi en urgence, a ramassé son chèque et a disparu.
Sarah a fait 15 jours d’hôpital : elle est repartie sous Prepulsid, sans pente, ni Prantal et ni monitoring.
C’est grâce à un pédiatre dans ma famille que nous avons eu la bonne adresse de Port-Royal.

Pour Alexandre, 3 ans, il a fallu le même traitement. Quelques semaines après sa naissance, il a bien été pris en charge par l’équipe de Port-Royal.

C’est pour notre troisième enfant que nous avons rencontré de nouvelles difficultés, car nous avons déménagé à Orléans. Matthieu a été suivi par un pédiatre en ville. Heureusement toujours en contact avec la puéricultrice de Port-Royal, je savais qu’il fallait faire le ROC et le Holter le plus tôt possible.
A 3 semaines, ses examens étaient normaux. Son pédiatre se voulait rassurant et conseillait de ne plus faire d’examens. Pourtant, Matthieu devenait subitement très pâle. Parfois, j’avais le sentiment de ne plus être écoutée par le corps médical. Sans doute les médecins me voyaient traumatisée par les antécédents de Sarah et Alexandre…

Finalement, sur les conseils du C.R.M.S.N, nous avons recommencé les examens à un mois et demi.
Résultat : hypertonie vagale, et il a fait une œsophagite sous traitement anti-reflux ! (situation catastrophique sans Prantal….)

Matthieu avait en plus une allergie aux protéines de lait de vache, ce qui expliquait en partie ces pâleurs.

Pour clore ce chapitre, les médecins me disaient parfois : Madame, maintenant vous êtes habituée à ces problèmes, ce n’est pas grave!!!

Non, ce n’est pas vrai, on ne s’habitue jamais à donner autant de médicaments à un petit enfant, à chercher à savoir s’il respire toujours dans son landau, et à redouter le passage dans sa chambre.
Alors, courage aux parents, et ne vous laissez pas impressionner par le monologue suffisant de certains pédiatres qui croient tout savoir sur votre bébé et n’écoutent pas la détresse des parents. Car le meilleur porte-parole de bébé, c’est nous. Pour moi, le meilleur diagnostic, c’est à partir d’un bon dialogue entre médecins et parents. »

Madame Sophie Shamloo.

 

  • Pour la première fois, nous avons décidé de publier la lettre d’une maman qui, à travers l’association et ses membres, attend un soutien de parents vivant la même situation que la sienne.

«   Notre fils Alex est né le 5 janvier 2000. Les six premières semaines de sa vie, il a beaucoup pleuré. On nous a dit qu’il avait des coliques, que c’était un bébé pleureur, ou qu’il était malin : il voulait les bras. Le 17 février, nous l’avons trouvé inerte dans notre lit à 23h30. Le trajet de quelques kilomètres qui sépare notre maison de la clinique la plus proche fût le plus long de ma vie. Alex était blême, tout mou et ne donnait aucun signe de vie. Il était immédiatement hospitalisé et une fibroscopie révélait une œsophagite (mais pas associé avec une hypertonie vagale). Malgré un début de traitement anti-reflux, Alex a refait un deuxième malaise quatre jours après son retour de l’hôpital. Son deuxième séjour dans le service de pédiatrie de l’hôpital de Beaumont / Oise  (95) a duré 10 jours. Il n’est rentré qu’après une consultation au CRMSN de Port-Royal où l’on nous a prêté un scope.

Aujourd’hui, il va très bien et nous fait plus de sourires que de larmes. Il continue son traitement anti-reflux (Ramiplex, Motilium, Gaviscon, matelas en proclive, scope ……), mange très bien et à quatre mois pèse presque huit kilos !

Je dois maintenant faire face à la reprise de mon travail le 2 juin. Dans ma tête, confier mon bébé à une nourrice n’est pas chose simple et malgré un suivi psychologique, j’ai du mal à m’y faire et me sens fragile et désemparée.

J’AIMERAIS PARLER A VOUS QUI EPROUVEZ LES MEMES SENTIMENTS,  LES MEMES ANGOISSES, QUI DEVEZ RETOURNER OU ETES RETOURNEES AU TRAVAIL ET QUI AVEZ CONFIE VOTRE BEBE, VICTIME DE MALAISES A UNE ASSISTANTE MATERNELLE.

Vous pouvez me joindre au 01 34 73 40 34 ou par e-mail à l’adresse LFEINSOHN@symantec.com

Madame Louise Feinsohn.

  • Une maman nous fait revivre les mois qui ont suivi la naissance de ses jumelles prématurées. Son expérience est comparable au parcours que beaucoup d’entre-nous ont vécu.

La prématurité ! Voilà un sujet que je connais sur le bout des doigts, étant moi-même une ex-« préma » (aujourd’hui âgée de 29 ans ) du célèbre professeur Alexandre Minkowski, et ayant donné naissance à des jumelles monozygotes nées à 28 semaines + 3 jours ( soit 6 mois de grossesse) pour des poids respectifs de 1070 et 960 g !

Quel parcours du combattant, quelle soif d’informations souvent bien mal étanchée devant les réticences du corps médical à s’exprimer sur ces oisillons tombés du nid ; que de détresse, de solitude, de gorge serrée à chaque progrès comme à chaque gramme perdu, bradycardie, apnée, etc..

Ces mots, ces sensations, ces images (couveuses, sondes de gavage, parentérale, proclive, monitoring, etc..), ces sons (alarmes incessantes au moindre mouvement des « plumes » qui, dans un premier temps, soit vous arrêtent le cœur ou lui font battre la chamade, le temps de s’acclimater à cette « nounou » d’un genre nouveau, bourrée d’électronique, qui veille telle une fée au-dessus du berceau de mes Belles au Bois Dormant bien mieux que moi, maman pourtant si attentive, pourrais le faire ; pleurs dans les incubateurs, discussions du personnel soignant perçues au hasard d’un couloir et évoquant des diagnostics décourageants, etc..) restent tatoués de manière indélébile dans le moindre recoin de mon être.

17 mars 1999 : Iris-Ambre et Kenya-Jade voient le jour. Voici 17 jours que je suis hospitalisée avec interdiction de me lever suite à la rupture de la poche des eaux de « J1 ». Pourtant, rien ne me prédestinait à cela, étant en arrêt de travail depuis ma 7ème semaine de grossesse, étant suivie intensivement par échographies. Tout allait bien et je me sentais bien ; j’attendais mes premiers enfants, des jumelles de surcroît, fatiguée mais aucun éventuel désagrément de la grossesse.

Et puis, le 1er mars, je suis tirée de mon sommeil par un brusque écoulement de liquide chaud qui ne s’arrêtera plus. Je suis désemparée, le ciel étoilé de ce début de nuit d’hiver me tombe littéralement sur la tête !

Appels à la clinique, au SAMU (qui, en l’occurrence n’aura rien compris à la gravité de la situation, m’envoyant une ambulance privée et me croyant enceinte de 36 semaines !).
Arrivée aux urgences d’un hôpital parisien et là, attente, défilé de futures mamans, sourire ou grimace aux lèvres suivant l’imminence de la naissance de leur bébé et attente, toujours et encore…

A 26 semaines de grossesse, le diagnostic des médecins et l’issue de ma grossesse ne sont guère encourageants :

-« Il faut tenir jusqu’à 32 semaines au moins, Madame ! »

On me bombarde de négativité et je ne peux obtenir aucun réconfort, n’ayant ni le droit de voir quiconque, ni celui de téléphoner, seulement celui d’écouter les pleurs de ma voisine qui va perdre son bébé à 6 mois de grossesse ! La vie est injuste ! Vais-je subir le même sort ?

On évoque de me transférer dans une autre maternité, l’hôpital étant surchargé. Et puis finalement non ! Dans mon état, je suis intransportable… Bref, rien que des réjouissances ! ! !

Je n’ai pas de famille à Paris, je me sens seule à en hurler. J’ai si peur de perdre mes deux amours.
S’en suivent 16 jours d’hospitalisation avec leur dose quotidienne de stress et de découragement. J’appelle le magasin de puériculture pour mettre un « bémol » à la commande de la poussette-double, des chambres, etc..

Un matin, des contractions qui se font plus intenses malgré la perfusion, la descente en salle de travail pour « arrêter » les contractions et puis finalement, un bref cri d’Iris-Ambre qui filera comme un éclair dans les bras d’une infirmière et le mutisme de Kenya-Jade qui filera, elle, à la vitesse de la lumière. Direction service de néonatologie pour la première et service de réanimation pour la seconde qui nécessite d’être ventilée. Je ne les verrais que le lendemain. Malgré tout, je suis heureuse : elles sont vivantes. Petites, fragiles, mais vivantes.

Et là, commence la grande histoire de leur prématurité, leur grande histoire pendant deux mois et quelques poussières, je passerai 8 heures par jour à leurs côtés et les 16 heures restantes à penser à elles, à m’inquiéter, à téléphoner dans le service de néonatologie, à bondir de joie ou à fondre en larmes, à préparer leur arrivée à la maison, à apprendre mon rôle de « jeune maman amputée ».

Lorsque l’on n’a jamais tenu un bébé dans ses bras auparavant, une petite chose de 34 cm pour 1 kg, c’est effrayant. Les premiers temps furent chargés d’observation de ces bébés, de mes bébés ! Car même si ce n’était pas des petits êtres « conventionnels », je me suis sentie une maman bourrée d’instinct « illico » !

Le déclic s’est produit très vite, lors du premier « peau à peau », environ une semaine plus tard.

Le diagnostic s’est peu à peu précisé : bronchodysplasie pulmonaire et hypertonie vagale pour Kenya-Jade et pleine forme pour Iris-Ambre ! Je remercie les dieux pour qu’elles s’en soient sorties à si bon compte. D’autres bébés n’ont pas eu cette chance et mon cœur s’est déchiré bien souvent à la vision de ces parents si démunis, si désemparés, que l’on ne sait comment aborder de peur de paraître trop indiscrète. La peine se cache et ne se partage qu’en comité restreint !

Le regard des proches, des amis, peut parfois ressembler à des milliards d’aiguilles qui vous transpercent. Entre autres réflexions : elles sont viables ? (Ton mêlé d’étonnement et d’effroi). Comme n’importe quelle maman, j’étais fière de mes bout’chou, exhibant des photos où moi, je les trouvais « craquantes ». Résultat : une moue dubitative devant l’image sur papier glacé de ces 2 crevettes de la famille des lilliputiens, déjà très « branchées » pour leur âge…

On ne sort jamais indemne d’une pareille expérience. Peut-être est-ce encore trop tôt ?

Je reste en état de veille 24h /24,c’est devenu une seconde nature ! J’avoue qu’il me manque terriblement 3 mois de grossesse, 3 mois dont j’ignore tout !

Aujourd’hui, Iris-Ambre et Kenya-Jade se portent à merveille, même si elles n’échappent à aucune bronchiolite et que le moindre microbe ou virus en vadrouille trouve en elles un magnifique terrain de jeux.

Certes, à l’occupation générée par des jumelles s’est rajoutée celle de préparer et de donner des myriades de médicaments. Mais grâce à tous ces comprimés avalés, les filles sont montées sur roulement à billes ! ! ! Et c’est une véritable fête où je sabre le champagne dès lors qu’un traitement est interrompu (notamment le Prantal qui fit partie de notre vie 5 fois par jour pendant 14 mois !).

Oui, bon, je mens sur leur âge parce que je sature d’entendre des « Oh ! Mais elles sont petites ! ! ! » de la part des mamans lambda qui me demandent leur âge civil, mais c’est un moindre mal.

La prématurité, c’est une terrible injustice mais il est aussi possible de détecter la menace d’un accouchement prématuré, notamment en cas de grossesse multiple, d’anomalies de l’utérus (je suis une « fille Distilbène »,cela a pu avoir une incidence sur la naissance prématurée de mes filles), etc..

Il faut s’entourer de professionnels compétents dans ce domaine, ne jamais craindre de paraître insistante à poser des questions, choisir une maternité disposant d’un service de réanimation néonatale et surtout, à toutes les futures mamans, soyez attentives à votre corps : les choses se seraient peut-être déroulées sous de meilleurs auspices si j’avais vraiment prêté attention à un symptôme mineur 2 jours auparavant, qui m’avait mise sur la voie d’une éventuelle fissure de la poche des eaux et que j’ai jugé saugrenu. A tort…

Aujourd’hui, j’ai plus que jamais la volonté de fonder une association visant à informer, à soutenir psychologiquement les parents de prématurés. Répondre présent, c’est essentiel. Quelque soit la demande, elle est légitime et mérite toute l’attention. J’attends avec impatience vos idées, vos témoignages, vos remarques, afin de me permettre d’agir. Serrons-nous les coudes pour offrir aux parents de prématurés en quête de réponse une structure qui ressemble à leurs attentes.

Tous les prématurés méritent à mon sens notre admiration pour leur formidable force de vie, leur magnifique volonté de grandir.

Message personnel : Bravo mes pitchounes !

 Alexandra Vauquelin Réaume-Toussaint